lundi 2 mai 2011

Cell

J'étais enfermé dans une cellule aux murs blancs, sans fenêtre, avec pour seule issue une porte en fer clouté qui me séparait du monde.
Je n'avais pu manger, ni dormir, ni boire, ni parler à quiconque, depuis tant de temps, que j'avais fini par accepter ma condition. Avec stoïcisme et résignation, je passais le plus clair de mon temps assis en tailleur au centre de ma cellule, et pendant tout ce temps, j'essayais d'apaiser mon esprit, de garder prise avec le peu de réalité qu'il me restait.

Car à rester, seul et enfermé, sans rien d'autre à faire que penser, sans jamais s'arrêter, sans jamais avoir quoi que ce soit pour se changer les idées, la folie devient une compagne aux promesses envoûtantes.
De sa voix enjôleuse, elle me promettait que je serais libre, que je connaîtrais la paix, que tout ce dont j'avais jamais rêvé serait à ma portée. Tout ce qu'elle voulait, en échange, c'était ma raison.
Elle revenait régulièrement, chaque jour plus tentatrice, chaque jour plus séduisante. Elle me montrait des univers, où ma seule limite serait mon esprit, et où je pourrais vivre libre.

Je ne sais pas ce qui m'a fait tenir. Un semblant d'éducation, un reste de raison, quelques repères, je suppose.

Non.
Attendez, ça me revient.
J'ai tenu grâce aux voix. Lorsque je collais mon oreille à la porte, attentif et silencieux, il m'arrivait parfois d'entendre au loin des voix qui parlaient entre elles. Souvent, elles parlaient de moi, de ma prison, à voix basse, vaguement triste. Il arrivait qu'elle me parlent, me racontent des histoires, mais alors, j'avais beau répondre, hurler, crier, personne n'entendait jamais ma réponse..

Savoir qu'au dehors, quelqu'un savait que j'existe m'empêchait d'embrasser pour de bon la folie. Sans rien savoir du temps qui passe, sans savoir si des jours, des mois et des années s'écoulaient, j'attendais.

Un jour vint mon jugement.

L'une des voix dit:

- On le débranche. Il est foutu.
- On compte jusqu'à trois. 
Voilà. A trois, j'allais mourir. C'était aussi simple que cela. Je regardai autour de moi. J'allais crever dans cette cellule, sans pouvoir rien faire.
- Un.

Je me jetai contre la porte de métal, rageant de frustration, et m'acharnai en hurlant et en tambourinant contre le battant. Il fallait sortir, et j'allais mourir ici si je ne faisais rien.
- Deux.

Mes hurlements reprirent de plus belle, tandis que j'essayais d'enfoncer la porte. Celle-ci ne bougea pas.
 - Et trois.
 
J'eus l'impression de tomber du haut d'une falaise. Derrière moi, la cellule s'enfonça dans des ténèbres, qui engloutissaient mon univers, et qui bientôt allaient me dévorer. Je crus renoncer.

Une idée me vint, si absurde qu'elle me semblait soufflée par ma folie elle-même. Je me mis à courir. Derrière moi, les ténèbres cherchaient à me happer, gagnant à chaque seconde un peu plus de terrain. Cette fois, je ne courais pas la porte, mais droit dans le mur, crispai mes épaules, me préparant à l'impact.

Le mur éclata en des milliers de fragments, et derrière le mur, un océan de lumière. Les ténèbres s'évanouirent, loin derrière moi.

La lumière s'atténua peu à peu, et révéla des formes floues devant moi, que je pus distinguer au bout de quelques secondes. Je reconnus le faux plafond d'un hôpital, qui faisait office de firmament, et, en guise d'étoiles, des néons blafards qui étoilaient la pièce.

Je pris une inspiration, m'assis sur mon lit, regardai le monde autour de moi avec un regard émerveillé.

Comme un patient qui s'éveille après trois mois de coma. 

*
*   *
Le dernier texte date de plus d'un mois. Putain. A mon tour de sortir du coma. Le temps d'un texte. Je croule sous les travaux d'écriture en ce moment, je n'ai même pas participé au concours organisé par mon ami HDB. Bref, ce blog prend racine.
Et Désolé, par avance, mais ça ne va pas aller en s'arrangeant. J'ai des partiels, des textes, puis je pars à l'étranger pendant un mois, puis en vacances. Donc dans le meilleur des cas, je ne reprendrai pas de rythme de travail régulier avant septembre. Je continuerai à poster occasionnellement, mais ne vous attendez pas à un texte pas semaine. Je ne peux simplement pas.

On se reverra en des temps meilleurs.