Avec, comme toujours, un peu de musique pour aller avec.
Le garçon n’a pas la moindre idée de ce que cette silhouette pourrait lui faire. Va-t-elle essayer de le tuer ? De l’enlever ? Ou simplement veut-elle l’aider ? L’enfant n’a aucun moyen de le savoir. Le calcul de survie est le plus fort, et le garçon choisit la fuite.
Il réfléchit à toute vitesse sur ce
qu’il sait de ces apparitions. Leur manière d’apparaître, de disparaître… Bien
que n’en ayant jamais touché, il suppose que les hommes-ombres ont la même
consistance que des humains – ou qu’ils peuvent choisir de l’avoir.
Si ils avaient le pouvoir de
traverser les murs, on ne les verrait jamais appuyés contre quoi que ce soit,
ni même marcher, mais plutôt comme une flamme, toujours légèrement en l’air,
jamais complètement appuyée contre une paroi, comme elle l’était il y a
quelques instants.
Il tombe de son perchoir, sur le côté de la carriole, en
plein milieu de la route. Le cavalier qui le suit, heureusement, le voit à
temps et dévie sa route, manquant de heurter au passage un groupe de piétons,
lesquels vocifèrent contre ce cavalier maladroit.
C’est juste assez pour attirer
l’attention du garde, qui repère instantanément le garçon encore au sol. Il se
met à sa poursuite, sans prendre garde à l’apparition, qui suit de près,
derrière lui. Il ne la remarque pas. Personne ne les remarque jamais. Sauf
l’enfant.
Est-ce donc pour cela que ces choses
le poursuivent ? A-t-il un pouvoir occulte qui doit être détruit?
L’enfant manque d’entrer en collision avec un piéton, et se
reconcentre donc sur son objectif : échapper à l’apparition, et, par la
même occasion, au garde qui le poursuit. Passer entre deux étals. Tourner à
droite. Se glisser derrière une tenture. Prendre une rue parallèle.
Erreur. Grave erreur. La rue n’est
qu’une courte impasse, et déjà le garde apparaît dans l’entrée, sa silhouette
se détachant dans la lumière. Il pose ses paumes sur ses genoux, à bout de
souffle.
Le garçon profite de ces quelques
secondes pour regarder autour de lui, et entreprend d’escalader une façade,
mais le garde l’attrape prestement par le pied, et le ramène à lui.
Il a l’air soulagé de le retrouver.
-
Assez couru, halète-t-il. Ta fugue est terminée, je te
ramène auprès de…
Il ne finit pas sa phrase. L’homme-ombre
est apparue derrière lui, et plaque sa main contre sa bouche. D’un autre, il
saisit un poignard et le plante dans le ventre du garde, qui s’effondre
lentement au sol.
L’enfant est tétanisé de peur.
Il laisse filer sa dernière chance
de fuir. Pour la première fois de sa vie, la peur l’emporte sur sa
détermination, et il reste là, bras ballants. Il a tout le temps de regarder
l’agonie du garde, un poignard planté jusqu’à la garde dans le ventre. Ce n’est
pas une lame exotique, qui aurait pu appartenir à la silhouette. C’est une
dague tout à fait classique, comme les courtisans méfiants en glissent souvent
sous leur toge. Une dague tout à fait classique, comme il en a une, en
permanence, cachée sous son propre oreiller.
Sur le moment, le lien, pourtant évident, lui échappe.
La lance que tient le garde tombe
enfin au sol, signe que ses dernières forces viennent de le déserter. L’apparition
laisse là le corps sans vie, saisit la lance. De sa poche, elle tire un tube en
verre, qu’elle débouche, et en tire un mouchoir. Une odeur caractéristique
s’élève dans l’impasse, celle de la gangrène, qu’il connaît pour l’avoir sentie
sur les plaies des soldats rentrant du combat. C’est la promesse d’une mort lente et
douloureuse.
L’homme-ombre frotte la lame de la
lance avec le mouchoir, puis le replace soigneusement dans son conteneur. La
silhouette fait alors un pas en avant, la pointe dirigée vers le garçon.
Celui-ci n’a plus nulle part où fuir.
L’attaque ne dure qu’un instant, dans un mouvement vif de la
lance.
La lame vient taillader le cou de
l’enfant, au côté droit. Le sang coule avec abondance, et vient maculer la
tunique du garçon. Il s’effondre, et sa vue se trouble, mais arrive à rester
péniblement conscient, juste assez pour savoir exactement ce qui va se passer :
Il ne mourra pas, en tout cas pas tout de suite, pas avant qu’un passant ne
s’aventure dans l’impasse et trouve la scène du drame, et que l’enfant soit
accusé à tort du meurtre du garde. Ensuite le poison pourra l’achever.
De nouvelles formes surgissent soudain, elles saisissent l’homme-ombre
qui l’a attaqué. Une clé de bras, et l’homme se voit projeté au sol. A cet
instant, l’enfant n’est plus sûr de rien, et sa vue sur la scène est bloquée
par une silhouette qui apparaît. Celle-ci semble bienveillante. Elle applique
un produit, qui dégage une forte odeur d’alcool. Puis un nouveau produit,
totalement inconnu, celui-ci.
A mesure que la douleur reflue,
l’enfant se laisse aller.
Celui qui le soigne retire son
masque, et l’enfant voit enfin quel visage se cache derrière. Le visage d’un
humain, qui saisit la tête du garçon, l’obligeant à le regarder en face. Il lui
parle dans sa langue maternelle.
-
Reste avec nous, tout ira bien !
Sa voix est inquiète. Le garçon
ferme doucement les yeux.
-
Parle-moi ! Dis-moi quelque chose. Ton nom.
L’enfant balbutie.
-
Alexandre, fils de Philippe II de Macédoine.
Juste à côté, une silhouette murmure
dans une langue que l’enfant ne connaît pas :
-
Cette ordure a eu la main lourde. Il n’a pas seulement
essayé de l’empoisonner, il a bien failli le tuer sur le coup.
Autour du garçon, les nouveaux hommes-ombres s’affairent. Un
d’entre eux s’approche et plante un objet dans le bras du garçon, qui lui fait
comme l’effet d’un coup de foudre s’abattant sur son crâne.
-
Ça y est. Il revient, dit l’homme-ombre. Mon garçon,
regarde-moi. Tu ne peux parler de ceci à personne. De toutes façons, personne
ne te croira. Nous emportons le garde, personne ne saura ce qui est advenu de
lui. Quant à celui qui t’a attaqué, il ne te fera plus jamais de mal. Je t’en
fais la promesse.
-
Qui êtes-vous ?
La silhouette semble peser ses mots.
Au bout d’un temps d’hésitation, elle répond :
-
Nous venons de loin. De plus loin que tu ne peux
l’imaginer.
-
J’ai une dette d’honneur envers vous.
L’enfant est inhabituellement
solennel.
-
Ne t’inquiète pas pour ça, le rassure l’homme-ombre.
-
Un jour viendra où je paierai ma dette envers vous.
Même si je dois voyager jusqu’aux confins du monde pour vous retrouver.
L’homme-ombre soupire, comme
résigné.
-
Tu risques de chercher longtemps.
Zone
Temporelle Sécurisée : Royaume de Macédoine, Terre, 346 av. JC.
Affaire
classée.
Écriture un peu décousue, un texte qui aurait besoin d'une précision comme la date au début du texte et non pas à la fin. Mais un texte qui mériterait une suite, même poétique, même hésitante. Un texte dont j’attends la suite.
RépondreSupprimerC'est une belle idée et un jeune garçon déjà attachant, qui demandent à prendre consistance.
Bon courage,^^
Une lectrice.