vendredi 3 septembre 2010

The Last Stand

Une ombre passe devant la fenêtre, le sol grince -imperceptiblement. Les sens en alerte, mon cœur bat la chamade, et j’écoute les bruits de la nuit. En bas des escaliers, j’entends un grincement. C’est eux. Tous les soirs, je les entends qui me traquent, qui me cherchent. Je suis un homme traqué. A la tombée du jour, je ferme les volets, je me barricade, mais cela ne suffit jamais, ils semblent toujours trouver un moyen d’entrer, et pas une nuit ne passe sans que je les entende, en bas, qui me cherchent. Je n’ose pas bouger, de peur de dévoiler ma position. Prostré dans ma chambre, j’attends l’instant fatidique, plongé dans l’obscurité la plus totale.
Un bruit retentit, comme quelqu’un qui tape un coup sec contre le mur. Ces monstres prennent un plaisir pervers à manquer de discrétion. C’est peut être un signal, alors je tâtonne près de mon lit, et tire de dessous une batte en acier que je garde pour les cas d’urgence. Par un étrange hasard, la maison est redevenue silencieuse. Mais ce n’est qu’un leurre, je sais bien ce qu’ils veulent, je sais bien qu’ils espèrent que je me retourne tranquillement dans mon lit, et m’endorme comme si de rien n’était.
Le vent soulève les rideaux de ma fenêtre, et je vois, distinctement, deux yeux lumineux qui me surveillent, et qui brillent dans la nuit. Mon cœur bondit sur place, je brandis mon arme mais l’instant d’après, les yeux ont disparu. La porte de ma chambre s’ouvre doucement, et je cède –enfin- à la panique. Comment m’ont-ils trouvé aussi vite ? Ils sont là, ils me cherchent, mais dans le noir, je ne peux rien.
Mon arme toujours à la main, je roule sur le sol, et en me relevant, j’assène un coup à une forme devant moi. Quelque chose tombe sur le sol dans un bruit étouffé, ne pas penser, ne pas réfléchir. Je l’enjambe en essayant de ne pas me demander ce que j’ai tué.
Dans cette obscurité complète, l’interrupteur est mon seul espoir. Les ombres se rapprochent, et, alors que je cours vers le bout de la pièce, je sens derrière moi les griffes de la nuit prêtes à m’engloutir, alors je jette en avant, et ma main touche un boitier en plastique. Avec un désespoir de forcené, J’appuie de toutes mes forces sur l’interrupteur, et je me retourne, prêt à en découdre.
La lumière inonde enfin la pièce, et me rappelle à la lumineuse réalité : je suis seul. La pièce est vide, vide de toute menace, de toute ombre, de toute forme indistincte dans la nuit. Je soupire de soulagement, et c’est rasséréné que je vais me chercher un verre d’eau pour célébrer ma victoire Mon cœur reprend un rythme normal, tout va bien. Les bruits de la maison me paraissent maintenant tout à fait normaux. Le réfrigérateur émet un ronronnement tranquille. Les grincements, craquements et mouvement des ombres ont cessé tout à fait maintenant.
J’éteins la lumière, désaltéré, victorieux, détendu.

Le sol grince à nouveau.
Et merde.

2 commentaires:

  1. Pour attaquer cette magnifique rentrée, un nouveau texte écrit dans le secret de ma petite chambre. J'ai quelques fonds de tiroirs à racler, ce qui me permettra de me la couler douce pendant encore une semaine ou deux.

    Bonne lecture!

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  2. oooh! j'adore ce genre de texte! si si ..
    et j'aime bien le "et merde" à la fin ^^

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