dimanche 28 novembre 2010

Entre deux mondes


J'avais, de temps en temps, cette image qui me saisissait, lorsque j’étais seul, lorsque j'écoutais de la musique, que je marchais dans la rue. Je m'imaginais en train de tomber, comme si je sautais d'un avion, sans parachute, sans jamais atteindre le sol. Une chute interminable, où je sentais le vent qui giflait mes joues, mes vêtements qui ballottaient dans les courants d’air.

J'ai longtemps voulu connaître l'avis d'un psy à ce sujet, tout en m'interrogeant sur la lecture qu'il en ferait. Verrait-il en moi les signes d’un comportement suicidaire ? Etait-ce une envie de sauter du pont, d’en finir avec mon existence ?

Ou alors, peut-être n’y verrait-il une simple métaphore de la vie? Faisons nous autre chose que choir, interminablement, vers le sol, et dont la fin ne nous inquiète jamais tant que nous avons traversé les nuages, et que les couleurs, les formes, d'abord indistinctes, prennent lentement forme en face de nous? J’imagine très bien la vie comme cet endroit, hors de tout autre, entre le ciel et la terre, séparé par une lumineuse ligne d’horizon, un lieu de passage entre les mondes, dans lequel on ne peut jamais s’arrêter, où rien ne dure jamais.

La vie est un univers dans lequel quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, on n’est jamais autre chose qu’un simple visiteur de passage.

Je n'approuvais qu'à moitié cette vison des choses, car pour ma part, ma chute était une vision agréable, ou je me dirigeais a toute vitesse vers un objectif inconnu, libre de quoi que ce soit pour me ralentir.

Ma chute, loin d’être un symptôme de mal être, d’angoisse, était l’expression la plus pure de mon aspiration à la liberté. Dans ma vison, je proscrivais toute attache qui aurait pu me ralentir, me laisser le temps de contempler la terre et le ciel autour de moi. Il m'était indispensable de tomber, le plus vite possible, le plus fort possible vers cette terre dure qui se présentait a moi.


Lorsque l’occasion s’en présenta, je m’en ouvris à un psy.

- Vous êtes sujet à des névroses, des comportements nerveux et compulsifs, révélateurs d'un mal être intérieur.
Ça me faisait une belle jambe.

1 commentaire:

  1. C'est tellement bien écrit qu'on dirait que tu as écrit quelque chose de vrai, que tu as vraiment vécu.
    J'aime beaucoup !

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